Les tribulations d'une sarthoise en Chine

Voila venu le temps du depart et je ne me suis jamais sentie aussi bien ici en Chine. Toltol nous a vraiment fait un honneur en nous proposant le meilleur repas de fruits de mer que nous n'ayons jamais mange et ca n est pas parce que nous sommes loin de la France et de ses cotes de gastronomes. Je n'ai malheureusement pas le temps de decrire dans le detail ce moment delicieux parce que justement j'ai envie d'en profiter jusqu'au bout CARPE DIEM comme disait ce prof charismatique dans ce succes americain. Cette nuit, quand mon taxi viendra me chercher pour m'emmener jusqu'aux neons de l'aeroport, je n'aurai pas l'impression de quitter un hotel et son personnel mais plutot un lieu extraordinaire et des amis et je pese mes mots. Je croise vraiment les doigts pour que Toltol, Cheche et Hannah trouvent un jour les moyens de repondre a notre inivitation et de venir nous voir en France. Merci a ceux qui m'ont donne envie d'ecrire ces quelques lignes parce que pour moi le voyage c'est aussi vraiment ca : le partage des decouvertes. Je n'avais plus la patience mais Julien, lui, l'a trouvee et pensant que je n'avais pas mis assez de photos sur le blog, il a pris deux heures pour en ajouter une quinzaine. Bon, je suis triste de partir mais quand on aime vraiment voyager, on sait ce que l'on quitte et donc je sais exactement ce que je vais retrouver avec beaucoup de plaisir en rentrant. Ma Doudine, soit donc rassuree, je serai a 13h petante au Grand Gaigne sur mon 31 pour t'aider a enfiler ta robe de jolie mariee et te photographier sous tous les angles. Quant a vous Anne et Max, detrompez vous, je n'ai pas oublie que vous arriviez a Nantes et je suis troooooooooooooooop contente Idem pour toi Nanou et le fait que tu aies decroche ce job. T'es la plus forte. Je t'invite dans le resto japonais de ton choix des ton retour. Marion, ma fidele lectrice, pour le massage je te prends au pied de la lettre quand au the je suis a Paris du 10 au 15, en meme temps que toi non. Pa et Ma, j'arrive bien le 7 a 20h mais n'arrivez pas avant 20h30, les bagages prennent du temps et je ne veux pas vous faire attendre. C'est deja suffisamment gentil de venir me chercher .... Bon allez j'y vais CARPE DIEM !

C'est une soiree inoubliable qui se termine. Il est bientot deux heures du mat. Elle a commence vers 19h dans un petit cabaret, le Laoshe teahouse dans lequel le chercheur chinois qui travaille avec Julien nous avait reserve deux places. Apres avoir tourne dix fois notre langue dans notre bouche pour ne pas insulter les trois chauffeurs de taxi qui nous avaient largue au milieu de nulle part, nous sommes arrives au dernier moment. On nous a installe a une table au premier rang juste avant l'arrivee d'un tres tres gros monsieur et de sa femme precede d'une dixaine de photographes qui s'est installe a la table voisine et qui tout au long du spectacle a eu le droit a tous les honneurs possibles et imaginables. Apres renseignements, nous avons compris qu'il s agissait soit du ministre des affaires etrangeres soit de l ambassadeur russe. Le spectacle en lui meme a fait mon bonheur. Je suis retombee en enfance le temps des deux heures de representation. Mon prefere apres le jeune homme acrobate qui sert du the en jonglant avec la theiere et a plusieurs metres de la tasse, ont ete les deux vieux messieurs qui faisaient des ombres chinoises et des bruitages. Du genie ! Je n'avais pas asses de mes deux mains pour applaudir surtout quand ils ont fait une scene de vol nuptial entre deux pigeons suivie de l'eclosion des oeufs, le tout accompagne de sifflements d'oiseaux dignes du monsieur de la gallerie des Champs Elysees (ca parle a certaines ? ;-)  Ont suivi des accrobates, des guerriers, une chanteuse de l'opera de Pekin et tout un tas de "numeros" plus impressionnants et plein d'imagination les uns que les autres et sans surprise puisque se produisent dans ce lieu les meilleurs artistes chinois. Nous sommes ensuite rentres en traversant la place tian an men ou se retrouvent des dixaines de personnes de 10 a 90 ans pour faire du cerf volant nocturne puis de retour a l'hotel nous avons passe la soiree avec toltol et sa copine. Julien, ce soir, avait decide de lui faire decouvrir un Pomerol Chateau La Rose Montviel 2000 et Serge Gainsbourg quant a moi je lui ai montre des photos de la Loire Atlantique et de mon auberge de jeunesse preferee a Cassis. Il a adore. Maintenant, c'est a son tour de nous faire deguster du Puer, un the fume et des chants traditionnels de coeurs de femmes de la region de Giulin dans le sud de la Chine ou se trouvent les fameuses montagnes en pain de sucre. Je dois donc vous laisser pour l'une de mes dernieres degustations de the avec toltol SNIFF Demain, pour marquer le coup, il nous reveille tot et nous irons avec sa copine sur le marche aux poissons de Pekin ou nous choisirons un poisson qu'il nous cuisinera pour ma derniere soiree pekinoise SNIFF SNIFF Devant cette invitation, Julien s'est empresse d'annuler le beau restaurant qu'il avait reserve pour demain. On ne passe pas a cote de ce genre de moments. A suivre vous trouverez cinq messages a lire du premier au cinquieme dans l'ordre que j'ai ete obligee d'ecrire en plusieurs fois en raison de la mauvaise connexion.

Je vous embrasse tous bien fort et vous dis a tres bientot.

Apres une bonne heure d'attente, c'est enfin mon tour d'echanger mes travellers
cheques. En me voyant les sortir avec une certaine maladresse, mon interlocuteur
prend immediatement son air d'amploye du mois qui est sorti du lot en demasquant
une vilaine voleuse de travellers cheques. Il me demande de les contresigner,
procedure habituelle, ce que je fais, mon poignet ayant perdu de sa souplesse
sans doute par anticipation de ce qui allait suivre. Sur ce, il m'arrache les
cheques des mains, sort une loupe et commence, tel un diamantaire, a comparer
les signatures avec un oeil d'aigle. J'ai soudain
tres chaud malgre la clim qui tourne a plein regime.
Ostensiblement mefiant et mecontent, il se leve avec mon passeport et va
consulter son chef. Celui-ci me lance le regard que l'on reserve habituellement
aux grands criminels. Apres supplications mimees de ma part (si si je l'ai
vraiment fait), d'un air magnanime, ils m'autorisent a signer de nouver. Non, ca
ne les satisfait toujours pas, les 2 signatures differant en quelques
details qu'ils me montrent. Mais les gars avec toute la bonne volonte et la
concentration du monde, je ne suis pas une machine et je ne pourrai jamais vous
produire 2 signatures strictement identiques. Devant mon visage decompose, ils
me tendent a nouveau la feuille et le stylo. La scene s'est ainsi repetee 4 fois
et a chaque fois je suis de plus en plus stressee et je prends de plus en plus
ma tete de fille qui a quelquechose a cacher. Les choses s'annoncent vraiment
tres mal mais a la cinquieme tentative, sans aucune explication rationnelle ni
meme un regard lance a ma derniere signature, le chef lance un bruyant " AhA "
et l'employe me donne mon argent son un mot. Incroyable ! Moi qui me voyait deja
privee de mon argent de la maniere la plus arbitraire qui soit ce qui, en
l'occurence, ne m'aurait pas fait rire du tout.

Je me demande ce qui va faire rire tous ces touristes chinois attendus en France
d'ici peu. A votre avis ?

Il y a un peu partout des gens dont in sent qu'ils sont "en service" mais dont
il est bien difficile de definir la mission. A chaque coin de rue, on croise des
militaires qui semblent avoir 15 ans de moyenne d'age et qui essaient
desesperement de marcher au pas. Ils ont beau y mettre tout leur coeur, il y en
a toujours au moins deux qui se plantent completement et c'est tordant.
Aux guichets des gares, des banques et de l'aeroport, on trouve de petites
bornes electroniques permettant a l'usager de noter sa satisfaction vis a vis du
fonctionnaire qui vient juste de le servir. La notation se fait a l'aide d'un
panel de petits visages allant du jaune claire souriant jusqu'aix oreilles au
rouge ecrevisse grimacant. Au dessus de ce boitier, on peut voir un visage, plus
grand, indiquant la moyenne generale du fonctionnaire en question. C'est ainsi
que se trouvent parfois assis l'un a cote de l'autre un employe note d'un grand
sourire et son voisin d'une grimace ce qui ne semble d'ailleurs pas du tout
affecter leurs relations de collegues. Vous aussi vous imaginez le meme systeme
en France ?
Ayant decide une fois pour toute que j'etais en vacances, de plus dans le pays
du boudhisme et que je serai donc d'une zenitude et d'une indulgence a toute
epreuve, j'ai toujours bien note les fonctionnaires auxquels je me suis frottee
et ce quelque soit le temps d'attente ou l'extreme volonte de certains a ne
serait-ce qu'essayer de repondre a mes questions. Une exception : l'employe
particulierement zele de la Bank of China rencontre ce matin.

Desolee pour le message en plusieurs parties mais les interruptions intempestives de connexion Internet un peu exasperantes m'y obligent

A l'entree des stations,on rappelle aux passagers, que sont interdits dans
l'enceinte du metro : les armes lourdes, les gaz mortels, les bombes et les
animaux sauvages.
Dans les rames, afin de mettre en garde contre les mains qui trainent lors de la
fermeture des portes, pas de petit lapin parisien se pincant gentiment la
papatte mais un gros doigt sectionne et sanguinolant.
Et pour ceux qui n'ont pas ete suffisamment abrutis par la pub dans les
couloirs, il y a des panneaux publicitaires entre chaque station dans les
tunnels diffuses a l'aide de flash lumineux. La pemiere fois, j'ai fini par
fermer les yeux pour eviter la crise d'epilepsie.

Les bebes

Les gros bebes chinois (oui je sais c'est pas drole quand on sait la vague
d'obesite qui guette la nouvelle generation chinoise) bien dodus paraissent
completement disproportionnes dans les bras de leurs freles mamans. On dirait
des bebes coucou (http://www.aves.be/eduquer/coucou.htm Ce lien c'est pour ceux
qui ne connaissent pas l'affreuse histoire de ce parasite de coucou et de sa
gentille famille d'accueil. Si vous n'avez pas le temps d'etoffer vos
connaissances en ornithologie, faites au moins defiler la page jusqu'a la photo
de la petite maman adoptive cherchant a nourrir son monstrueux bebe. Ca aussi ca
me fait beaucoup rire a chaque fois.)
Les bebes chinois portent des layettes avec une fente exposant au grand air
leurs fesses potelees et une autre a l'avant. Si cette idee originale etait
acceptee en France, elle offrirait une alternative aux couches ecolo, bien moins
volumineuse et laborieuse pour les parents

Beaucoup de choses. Meme si elles sont recurrentes, ca me fait marrer a chaque
fois ... discretement bien sur car ayant ete tres bien eduquee ;-), j'ai integre
le principe du voyageur qui se doit d'observer avec bienveillance, les us et
coutumes du pays qui l'accueille.

Le crachat

Le crachat chinois est le seul sport national que le gouvernement essaie
desesperement de decourager avant les JO pensant sans doute qu'il n'est pas
digne d'une grande nation moderne et civilisee ... mais sans succes.
Le crachat chinois n'est pas un sport aux regles tres compliquees. Il se
pratique en deux temps.
1) Le RrrrrRRRRrrrrreuc  qui vaut alerte. Charge ensuite a celui qui l'a entendu
d'etre vigilant pour la suite.
2) Le PPeeeeeeuu  Pour celui qui n'a pas ete vigilant a l'etape 1), il est deja
trop tard car le crachat d'une taille souvent consequente a deja ete expulse par
son cracheur a des distances forcant parfois le respect.
Au debut, je pensais que ce sport n'etait pratique que par des hommes aux moeurs
euh disons discutables. FAUX : la nationalite chinoise vaut licence a la FCC
(Federation Chinoise du Crachat) Tout chinois est donc un potentiel cracheur.

Hier, une grosse voiture, vitres fumees et chauffeur, comme on en voit beaucoup
dans les grandes avenues pekinoises, s'arrete devant un magasin de luxe. En
descend elegamment une femme tres chic : petite robe noire a la coupe parfaite,
talons, lunettes de soleil, sac Vuitton negligemment porte au poignet et chignon
impeccable semblant retenu uniquement par une fleur blanche delicate.
RrrrrRRRRrrrrreuc et PPeeeeeeuu dans la poubelle a 3 m. Classe ! Puis sans
marquer le moindre temps d'arret, elle entre dans le magasin d'une allure de
reine. Il m'a fallu beaucoup de concentration pour ne pas eclater de rire
tellement cette vision m'avait surprise mais j'etais bien la seule.

Apres aventures, decouvertes et petits problemes de sante dans le sud, me voila de retour a la capitale ce qui me donne l'impression bizarre d'etre rentree a la maison tout d'abord parce que l'auberge offre vraiment une ambiance familiale mais aussi parce que j'y ai retrouve Julien ce qui, je l'avoue, me met de tres bonne humeur parce que meme si voyager seule me plait enormement pour les raisons que j'ai deja expliquees, c'est egalement un plaisir de pouvoir partager les impressions, les belles et bonnes choses et les fous rires. Toltol et Julien, comme je l'avais imagine, s'entendent a merveille. Julien lui fait decouvrir le vin francais et le Cognac. Toltol nous fait decouvrir un nouveau the chaque soir toujours avec le meme rituel. Avant hier, il nous a fait un honneur en nous servant un the vert de Giulin qui avait 300 ans d'age et qui etait loin d'etre insipide. Hier, il avait prepare du poisson glace en apero auquel je n'ai pas pu toucher, clouee au lit, punie de ma curiosite pour avoir voulu gouter a une brochette de seches : intoxication alimentaire. Deuxieme du sejour. Un vrai bonheur ! Il y a deux jours, nous avons passe la journee sur la grande muraille et je dois dire qu'etant donne la beaute du site ou nous avons grimpe, marche, crache nos poumons, je pardonne a Mme Royal d'en avoir perdu son latin. Apres les exasperations et deceptions d'usage avec notre "guide" - parfois j'hesite a reagir facon Joe Dalton, tout rouge en sautant sur place a pieds joints ou facon Amandine : "Ta gueule pour voir ! Ah oui c'est mieux comme ca ... Bref vous aurez compris que l'on tombe parfois ici comme ailleurs sur des personnes foncierement malhonnetes qui pourraient faire craquer n'importe qui ... donc apres avoir regle le probleme du guide-super boulet c'est a dire apres lui avoir explique qu'il pouvait nous attendre en bas, nous nous sommes attele a l'ascencion des marches jusqu'a la muraille puis avons parcouru celle-ci sur plusieurs km passant par une dixaine de tours avec des deniveles parfois tres impressionnants qui nous ont permis de faire le point sur notre forme physique. Des points de vue a couper le souffle sur les montagnes, forets et cultures de chataigners en terrasse a perte de vue et la muraille qui se deroule sur les lignes de crete jusqu'a l'horizon. Nous etions partis avec d'autres personnes de l'auberge : une irlandaise vivant en Australie qui nous a fait mourir de rire, un couple d'allemands vegetariens vivant en Coree et tellement plus sportifs que nous que ca nous a file de sacres complexes et deux copains qui avaient fait tout le parcours du transsiberien. En revenant, nous nous sommes offerts deux heures d'un incroyable massage pour la modique somme de 5 euros. Puisqu'il s'agissait d'un tout petit salon habituellement exclusivement frequente par des chinois, nous avons un peu provoque la curiosite. Des personnes ont defile pendant toute la seance pour nous tâter les bras, nous regarder sous le nez et sentir nos cheveux. Ca aurait pu etre tres desagreable mais excessivement detendu par l'effet du massage, ça nous a plutot fait beaucoup rire. Hier, je me suis baladee dans les hutongs pour observer les scenes de sortie des classes. Les petits chinois sont tous rentres le 1er septembre ce qui change radicalement l'ambiance des rues. J'en ai profite pour acheter de superbes lys a un vendeur qui ne parlait pas un mot d'anglais mais l'amour des fleurs depassent ces quelques obstacles linguistiques et il m'a fait faire le tour de toutes ses orchidees dont il etait tres fier et a raison. A peine rentree a l'auberge, quelqu'un tapait a la porte de notre chambre. Deux jeunes femmes qui s'etaient depechees de trouver deux jolis vases pour y mettre les lys. On commence decidement a devenir les super chouchous de cette auberge et on a meme pas honte.

Je me disais bien aussi que la perfection de ce voyage et etait un peu louche et ne pouvait pas durer ... Je suis desormais a Hangzhou, 300 km plus au sud. Surnommee, a raison, par les chinois de tout le pays et depuis plusieurs centaines d'annees "Chinese Paradise". Elle l'est en raison de son lac immense avec sur une rive de vieilles villas, magasins et hotels de luxe bordes de promenades plantees de Platanes tres vivantes et eclairees de lampions multicolores la nuit. A son autre extremite, les rives, aux pieds de petites montagnes sont plus sauvages. C'est la que se trouve mon auberge situee sur une langue de terre avancant sur le lac entre une epaisse bambouseraie et une pinede parcourue de ruisseaux. L'auberge est une sorte de gros chalet en bambou avec un interieur moins typique, moins cosy et un personnel moins chaleureux et disponible que les deux autres. Mais j'y reste quand meme 5 jours car la vue sur le lac est superbe et qu'elle fait un tres bon point de depart pour aller observer le lever du soleil ou faire de la randonnee dans les montagnes, sur les iles du lac ou dans les forets. C'est exactement ce que j'ai fait les deux premiers jours et c'etait parfait pour sortir un peu la tete de l'ambiance tres urbaine dans laquelle j'avais ete plongee jusqu'ici. L'occasion de prendre le temps d'observer les fleurs des sous-bois, les papillons, les libellules et d'ecouter toutes sortes de bruits tres exotiques d'oiseaux et d'insectes creant une ambiance de jungle tropicale. C'est aussi ce qui etait prevu pour les trois prochains jours mais je n'avais pas pense a la pluie. Je pensais presque qu'il ne pleuvait jamais dans ce pays mais SI ! Et quand il pleut ici, ce ne sont pas de petits vermicelles mais de grosses et longues nouilles chinoises. Impossible de mettre le nez dehors. Avec cette pluie diluvienne nous voila donc tous bloques ici a s'occuper comme on peut : lecture, dessin et films americains et coreens doubles en chinois. Oui, parce que dans cette auberge, hormis les quelques australiens surexcites qui sont partis le jour de mon arrivee, il n'y a que des chinois. Pour completer le tableau, un bon vieux mal de dos a decide de refaire surface (sans doute faute aux rando sac au dos, selles pourries des velos et humidite ambiante) et refuse de se faire oublier. Et Internet, evidemment tres prise, a une connexion capricieuse qui a decide de tester ma resistance nerveuse. C'est la troisieme fois que j'ecris ce message. Je prends donc mon mal en patience ... Heureusement, la nourriture typique du sud est de la Chine est ici delicieuse. La prochaine fois que je vous donnerai de mes nouvelles ce ne sera donc sans doute pas avant mon retour a Pekin le 30.

Bonne fin de WE !

Tout d'abord, merci pour les quelques commentaires et tous les mails plein de bons conseils. Desolee de ne pas prendre le temps d'y repondre. Je ne veux pas passer plus de 20 min par jour sur Internet mais pour ceux que ca interesse vraiment, je promets de prendre le temps de vous montrer les photos autour d'une tentative de repas chinois cuisine par mes soins ou au moins d'un the digne de ce nom. Je reponds quand meme rapidement a quelques questions . Non, ne jetez pas mon billard SVP, je viendrai le chercher des mon retour a Nantes . Oui c'est la saison des peches, elles sont vendues partout dans la rue dans de grands paniers d'osiers suspendus par deux a chaque extremite d'un baton de bambou et portes sur l'epaule. Elles sont tres bonnes et je ne me prive pas de m'en regaler. D'ailleurs, de retour a Pekin, j'ai prevu de passer une journee dans un tout petit village de montagne a 2 heures de route de la capitale. Un village justement perdu au milieu des vergers de pechers. Oui, les ideogrammes partout sont tres depaysants et non, impossible de deviner quoique ce soit. Par contre ca prend enormement de temps de comparer les ideogrammes sur un panneau indiquant une rue avec ceux qu'il y a sur le plan et quelque soit l'endroit ou l'on va sauf s'il y a l'equivalent en anglais comme a Pekin. Il faut d'ailleurs toujours penser a demander a quelqu'un qui en est capable de convertir l'adresse en ideogrammes pour pouvoir ensuite demander son chemin meme si, parfois, ca n'avance pas a grand chose car les chinois prefereraient se couper une main plutot que de dire qu'ils ne savent pas. Deux fois sur trois ils donnent donc une fausse indication ce qui peut vite transformer une simple balade en un veritable casse-tete chinois. Hier une vieille dame, alors que je marchais sans rien demander a personne, a meme arrete son velo et m'a attrape le bras pour me donner une indication au hasard.

Oui, l'adresse est encore un SUPER bon plan ! C'est Toltol qui m'a donne le tuyau apres que je lui ait indique ce que je recherchais. C'est d'autant plus un super bon plan que je suis la seule hote de cette auberge dont la restauration a ete terminee encore plus recemment que celle de Beijing. Elle n'est donc encore referencee nulle part et se trouve en plus en plein milieu d'un dedale de petites rues, canaux et ponts de la vieille ville. Un quartier completement pittoresque mais completement inaccessible en taxi. Ce quartier donne une impression de ville provinciale voire de petit village mais ca ne reste qu'une impression. Un trajet en bus vers l'exterieur de la ville aujourd'hui m'a ramenee a la realite chinoise. La "petite" ville de Suzhou compte en fait plus de 5 millions d'ahbitants !

C'est une famille qui tient cette petite auberge, les descendants de l'homme qui a fait construire cette maison il y a 300 ans. On y trouve 3 jardins (bananiers, rocailles et bambous) entretenus a l'identique de ce qu'ils etaient autrefois entoures de peristyles menant au differentes chambres. Je me retrouve donc dans une grande chambre en payant le prix d'un dortoir (ce que je trouve drolement sympa clients ou pas) avec 7 personnes pour m'allumer les lampions quand je sors de ma chambre, me renseigner ... Situation tres cocasse mais loin d'etre desagreable. Hier, j'ai passe la soiree a discuter avec Jiunliu, la fille du patron et Otis, un etudiant en litterature chinoise profitant de ses vacances pour travailler ici a mi-temps. Ils m'ont parle d'histoire chinoise, de relations sino-japonaises, de Suzhou, des pyramides du Louvre et meme de Napoleon. Puisqu'ils parlaient de Napoleon, je leur ai demande s'ils connaissaient Sarkosy. Quand je leur ai dit que c'etait notre nouveau president, ils m'ont contredite : "non, le president de la France c'est Sssirac, on l'aime bien, c'est un homme bon." J'ai fini par comprendre qu'ils etaient tout a fait au courant de la retraite de Chirac et qu'ils voulaient juste insister sur le fait qu'il serait regrette du peuple chinois. Ensemble nous avons flane le long des canaux se faufilant entre les tables de jeux, les rickshaws et les charettes. La vieille ville de Suzhou se caracterise par ses vieilles maisons uniques en Chine. Tres basses, elles ont des murs blancs, des toits en tuiles noires et des fenetres et portes a 5 battants. Ces dernieres, comme les petits balcons, sont en bois naturel et ajoures de motifs geometriques. Architecture beaucoup plus sobre qu'a Pekin mais tout aussi jolie.Lors de notre balade, j'ai eu l'occasion avec l'aide de mes deux guides, de prendre un Hot Pot. Il s'agit d'un bouillon dans un grand bol en terre cuite dans lequel on peut mettre ce que l'on veut parmi les ingredients presentes sur l'etal. Dans le mien, j'ai mis du tofu, des oeufs de caille de cent ans, des epinards, du choux, du sang de canard, des souffles, des noodles de riz plus une autre sorte de viande non identifiee et j'ai tout mange sans faire la grimace. J'ai meme plutot aime.

Ce matin, Otis, profitant de son jour de conge et de son pass lui donnant l'entree gratuite dans tous les jadins et ne refusant decidement de comprendre que cela pouvait etre un plaisir pour moi de voyager seule, m'attendait a 7h pour m'accompagner dans la decouverte du Jardin de la Politique des Simples - j'adore ce nom ! - puis celui de la Colline du Tigre. Deux jardins tres differents et absolument magnifiques mais je n'en ferai pas la description detaillee de peur d'en ennuyer certains. Cette journee fut un pur plaisir pour la simple raison que j'avais un guide parfait. En sortant de l'auberge il me demande : " On parle beaucoup de la Chine en France ? " - Oui "Combien de choses connais-tu sur la Chine ? " Devant mon hesitation, il n'insiste pas et enchaine sur " Moi j'aime beaucoup les jardins. C'est pour ca que je suis venu etudier ici. Pour bien profiter d'un jardin, il ne faut pas seulement le traverser alors aujourd'hui, je veux prendre mon temps, donc si tu veux voir plus de deux jardins, je ne viendrai pas avec toi." Oh ! Je sens que nous allons bien nous entendre tous les deux. Sentiment confirme tout au long de la journee : Otis execre les groupes de touristes chinois se deplacant en groupes de 50, habilles pareil pour ne pas se perdre et suivant une petite dame tres agitee brandissant un fanion et hurlant dans un megaphone. Otis ne peut s'empecher de se marrer quand une petite grand mere edentee nous engueule parce que nous ne voulons pas acheter ses pasteques. Il se repere a merveille dans les rues et les plans de bus, m'evite de payer le prix special etranger, contourne les endroits trop blindes de touristes et de vendeurs ambulants, connait toutes les petites histoires, legendes et signification du moindre detail et surtout ne parle pas quand c'est tellement beau que ca se passe de commentaire. Nous profitons de nos nombreuses pauses sur le moindre banc, pont, rocher, point de vue, pavillon pour poursuivre notre discussion d'hier. Ses parents sont paysans dans une ferme cerealiere a 1500 km a l'ouest. Il les voit tres rarement et son projet, apres avoir obtenu son diplome, est d'aller donner des cours de chinois a New York.

Encore une autre journee inoubliable ! En rentrant nous sommes passes par un marche. Un vrai plaisir des sens : epices, thes, legumes, herbes en tous genres, plantes medicinales, fleurs odorantes ...Par contre il faut quand meme avoir une bonne pratique de l'apnee quand on s'approche de l'etal des viandes. Otis achete des legumes. Pendant ce temps, je me charge de negocier les fruits. Une petite fille tout sourire m'interpelle d'un HelllOou et est toute fiere de me presenter son grillon dans une tres jolie petite cage en bois que sa maman vient juste de lui offrir.

De retour a l'auberge, nous cuisinons les produits tout juste achetes. Ou plutot, il cuisine. Moi je suis le commis, je coupe, je regarde et j'essaie d'apprendre.

Bonne fin de journee. Moi, je pars faire un tour dehors avec que l'orage n'eclate pour de bon.